05/12/2024 – Aurélien GRATON

Résumé

Le réchauffement climatique est d’ores et déjà l’une des questions sociétales les plus importantes de notre époque, et le deviendra probablement encore plus à l’avenir. Il est désormais presque certain que les activités humaines ont provoqué ce réchauffement à un rythme sans précédent au cours des derniers siècles (Masson-Delmotte et al., 2021). La confrontation à cette information, aggravée par la survenue d’événements climatiques extrêmes, est susceptible de renforcer la survenue d’épisodes émotionnels intenses et ressentis généralement négativement (Clayton, 2021). Ces manifestations thymiques « d’éco-anxiété » ou de détresse émotionnelle sont en outre parfois aggravées par la frustration, la culpabilité ou la colère face à l’absence perçue d’actions individuelles ou collectives suffisantes (Stanley et al., 2021). Une question paradoxale survient alors : les phénomènes affectifs provoqués par la confrontation aux thématiques climatiques sont-ils adaptatifs et promoteurs de comportements sociaux adaptés (e.g., comportements pro-environnementaux, altruistes) ou bien délétères pour les relations sociales et la santé mentale des individus ? Les enjeux se situent à la fois au niveau théorique (comment situer ces états affectifs dans les modèles et théories actuelles des émotions ?), méthodologique (comment les mesurer et les différencier ?) et pour la prévention (les outils et modèles actuels sont-ils efficaces pour prendre en compte les émotions climatiques et promouvoir des politiques publiques adaptées ?). Dans cette intervention, des études récentes et en cours visant à investiguer les contenus de ces « éco-émotions » seront présentées. De cette compréhension dépend en effet une meilleure prise en charge, tant au niveau individuel que politique et institutionnel. Une discussion sera également amorcée sur la nécessité d’inscrire les éco-émotions dans des modèles plus larges de compréhension des comportements.

Conférencier

Aurélien Graton, Université Paris Cité-